Coronavirus et qualité de l'air à Bruxelles


Afin de limiter la propagation du coronavirus, la quasi totalité des pays Européens joue la carte du confinement. Bien qu’elle n’ait pas employé ce terme la Belgique ne fait pas exception.

Petite parenthèse : pour tout comprendre au coronavirus (origine, propagation, confinement, etc.) nous vous recommandons la lecture en accès libre du dernier livre, très court, de Paolo Giordano, ainsi que ces infographies du Washington Post. Parenthèse refermée.

La stricte restriction des sorties et des déplacements que nous connaissons en Belgique a pour conséquence une baisse du trafic et de l’activité industrielle. A Bruxelles nous voyons par exemple qu’au point de comptage qui se trouve à Arts-Loi, le nombre de véhicules chute à partir du 18 mars.

 

 

Le trafic routier est une source importante de pollution de l’air. En région bruxelloise les véhicules thermiques émettent 30% des particules fines PM2.5 et 69% du dioxyde d’azote (NO2). Cette baisse du trafic routier a donc logiquement entraîné une baisse des concentrations en NO2, à Bruxelles comme à l’échelle européenne.

 

L’animation ci-dessous, qui compare les concentrations en NO2 du 5 au 25 mars 2019 (à gauche) et de la même période en 2020 (à droite), illustre également cette forte diminution des concentrations en NO2 à Bruxelles. Déplacez le curseur à droite ou à gauche pour voir la différence. Ces images sont faite à partir des données du satellite ESA Sentinel-5.

Crédits : ESA / EPHA / James Poetzscher

La différence entre avant et pendant le confinement est beaucoup moins flagrante pour ce qui est des particules fines PM2.5. En effet ces dernières proviennent également d’activités qui ne se sont pas arrêtées avec le confinement, comme l’agriculture par exemple. Or la Belgique était en pleine période d’épandage au mois de mars et la météo n’était pas propice à la dispersion des particules ainsi émises. Il est tout de même important de préciser que les concentrations en PM2.5 auraient certainement été plus importantes sans la baisse du trafic et de l’activité industrielle que nous connaissons actuellement.

Une bonne nouvelle pour deux raisons


La chute de la pollution de l’air à Bruxelles est une bonne nouvelle tout d’abord car elle réduit les risques sanitaires qui y sont lié, comme les accidents cardiovasculaires ou les crises d’asthmes, particulièrement chez les enfants.

Pour rappel, la pollution de l’air est cause de morts prématurées (plus de 9 000 par an en Belgique) mais également de décès à court terme, comme le montre le triste exemple d’Ella Kissi-Debrah qui a succombé, à l’âge de neuf ans, à une crise d’asthme causée par la pollution de l’air due au trafic routier.

Mais cette amélioration de la qualité de l’air est également bienvenue car elle permettrait de freiner l’avancé de l’épidémie de COVID-19. En effet, plusieurs spécialistes insistent sur le fait que la pollution de l’air, en abîmant les muqueuses des voies respiratoires et des poumons, facilite la pénétration des virus comme le SARS-Cov-2.

Réduire la pollution de l’air c’est donc aussi réduire les risques d’épidémies comme celle que nous sommes en train de vivre.

Vers une amélioration durable de la qualité de l'air ?


C’est bien sûr ce que l’on souhaite. Mais malheureusement le risque d’un retour en arrière lorsque la crise sera terminée est fort. C’est ce qui s’est passé après la crise de 2008-2009 : le pétrole, plutôt que les énergies renouvelables, avait été utilisé car très bon marché (comme c’est le cas aujourd’hui) et des secteurs particulièrement polluants, la construction par exemple, avaient reçu des aides importantes car ils avaient de puissants lobbys (ce qui est aussi le cas aujourd’hui).

 

Source: The Economist

 

Nous sommes d’ailleurs en train d’observer qu’en Chine, du fait du relâchement des restrictions, les émissions de NO2 repartent déjà à la hausse.

S’il est évident que l’économie doit être protégée et relancée, elle doit l’être de manière durable. Les mesures de relance économique doivent donner la priorité à l’environnement et à la santé via le soutien fort de projets, en cours ou à venir, de production d’énergie renouvelable, de mobilité zéro émission ou encore d’agriculture raisonnée.

Les secteurs historiquement polluants comme l’aéronautique et l’industrie automobile ne doivent recevoir des aides qu’à condition qu’ils s’engagent à réduire leur empreinte carbone de manière significative une fois la crise passée.

Changer durablement notre mode de vie et de consommation permettra non seulement de réduire nos émissions de polluants de l’air et de CO2 mais également de réduire les risques de nouvelles pandémies. Nous pouvons et nous devons sortir renforcés, et non affaiblis, de cette crise.


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