Les zones trop polluées sont une réalité à Bruxelles
Au moins une soixantaine d’écoles concernées
La campagne de science collaborative menée par les Chercheurs d’air, en collaboration avec Bruxelles Environnement, évalue la situation.
La nouvelle recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en matière de dioxyde d’azote (NO2) est dépassée dans toutes les écoles bruxelloises où des mesures ont été faites. Voilà l’un des grands enseignements de l’étude réalisée par l’asbl Les chercheurs d’air, en collaboration avec Bruxelles Environnement qui a rédigé le rapport technique, et avec le soutien de Bloomberg Philanthropies et des 19 communes bruxelloises.
Des mesures du dioxyde d’azote (1), émis à 60% par le trafic routier en Région bruxelloise, ont été réalisées pendant 12 mois (d’octobre 2020 à octobre 2021), dans 134 sites, dont 67 écoles et 2 crèches. Toutes sont donc exposées à des concentrations de NO2 supérieures à la recommandation de l’OMS fixée, en septembre dernier, à une moyenne annuelle de 10µg/m3. Certaines dépassent de plus de trois fois cette valeur.
Même constat pour les 54 citoyens qui ont participé à la campagne. La valeur annuelle de l’OMS est à chaque fois dépassée. Des points noirs sont à épingler. Ainsi, un point de mesure, se situant boulevard du Jardin botanique, a enregistré une concentration moyenne de plus de 50 μg/m³. La valeur de l’OMS a également été dépassée de plus de 4 fois rue Dansaert.
Il faut noter que les résultats de cette campagne ont été obtenus dans des conditions particulièrement favorables pour la qualité de l’air puisque la crise sanitaire a fortement ralenti l’activité économique, et donc l’intensité du trafic routier.
Pierre Dornier, Président de l’asbl Les chercheurs d’air, a déclaré : “Malgré le confinement et une réduction du trafic routier, principal émetteur de NO2, l’air de Bruxelles est toujours trop pollué. Les enfants, dont l’organisme est en développement, sont particulièrement vulnérables à cette pollution. Il n’est ni normal ni acceptable qu’autant d’établissements scolaires soient exposés à des concentrations en NO2 dangereuses pour la santé. Il est urgent d’accélérer la mise en place de mesures ambitieuses, telles que le déploiement de nouvelles rues scolaires et le renforcement de la zone basses émissions pour améliorer la qualité de l’air dans la Région bruxelloise.”
Autre constat : 132 sites sur les 134 mesurés respectent la valeur limite annuelle européenne de 40 microgrammes par m³, limite qui doit être respectée sous peine d’éventuelles sanctions de l’Europe. Deux sites de mesure se situant sur la petite ceinture la dépassent, avec des concentrations de 45 et 52 μg/m³. Notons que cette valeur devrait être, elle aussi, revue à la baisse dans le futur. Des discussions sont en cours au niveau européen pour rapprocher cette valeur de la recommandation de l’OMS afin de préserver davantage la santé des citoyens.
Olivier Brasseur, expert qualité de l’air chez Bruxelles Environnement : “Cette campagne nous a permis d’étendre nos connaissances en matière de pollution de l’air et de repérer plus en détail les zones à risque. C’est l’une des clés pour agir efficacement. Ces zones se trouvent la plupart du temps dans les rues où le trafic routier est intense et dont la géométrie est de type canyon, à savoir des rues étroites bordées par de grands bâtiments. Cette campagne démontre également tout l’intérêt des tubes passifs pour enrichir notre dispositif de mesure actuel, composé de 10 stations, dont 2 installées récemment sur la petite ceinture.”
Antha Williams, responsable des programmes sur le climat et l’environnement chez Bloomberg Philanthropies, a déclaré : « Chaque enfant à Bruxelles mérite de respirer un air pur, malheureusement ce n’est pas une réalité aujourd’hui. Cette étude révèle l’importance de la surveillance de la pollution de l’air dans les villes par la collecte de données afin d’identifier où il est urgent d’agir pour lutter contre ses effets nocifs. Chez Bloomberg Philanthropies, nous sommes persuadés que les villes sont les acteurs clefs de la mise en œuvre de solutions concrètes en efficaces pour la protection des citoyens contre l’exposition à une pollution nocive. En œuvrant en partenariat avec les villes de Bruxelles, Londres, Paris, Delhi et Jakarta, nous espérons donner aux autorités locales et à la société civile les données nécessaires pour la mise en œuvre de mesures plus efficaces afin de lutter contre la pollution de l’air et protéger la santé de tous les citoyens.”
La pollution de l’air est un véritable problème de santé publique. Selon IRCELINE (2), 323 Bruxellois sont morts prématurément en 2018 à cause du dioxyde d’azote. La pollution de l’air cause également des maladies cardio-vasculaires et respiratoires, et a un coût financier pour la société.
Pour Alain Maron, Ministre bruxellois de la Transition climatique, de l’Environnement, de l’Action sociale et de la santé, “Cette campagne innovante de mesure nous a permis de travailler main dans la main avec les citoyens, afin de cerner beaucoup plus finement les zones les plus polluées dans notre ville. Les résultats obtenus sont interpellants et doivent nous pousser, à tous les niveaux de pouvoir, à redoubler d’efforts pour améliorer la qualité de l’air que nous respirons tous les jours et atteindre les recommandations de l’OMS. C’est vital car la pollution de l’air a un impact significatif sur notre santé. Un réseau de mesure secondaire sera pérennisé, et des mesures ambitieuses seront prises pour mieux protéger la santé des Bruxellois.es, en particulier les plus vulnérables, comme les enfants et les personnes âgées.”
Cette campagne de mesure du dioxyde d’azote pilotée par Les Chercheurs d’Air s’inscrit dans le cadre du Brussels Clean Air Partnership. Ce partenariat, lancé en 2021 par la fondation Bloomberg Philanthropies, le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et Bruxelles Environnement, regroupe différentes initiatives bruxelloises sur la qualité de l’air, telles que Cureuzenair et Babel’Air. Les résultats de la campagne Curieuzenair, menée dans 3000 lieux bruxellois, viendront notamment compléter la présente campagne. Les résultats sont attendus mi-mars.
Notes
(1) Les mesures ont été effectuées grâce à des tubes dits “passifs” analysés par le laboratoire accrédité Passam. Les résultats ont ensuite été analysés par le laboratoire de Bruxelles Environnement. Parmi les 134 participants se trouvent 54 citoyens qui ont été sélectionnés car ils vivent à proximité d’un axe routier principal. 2 crèches, 60 écoles maternelles et primaires, 7 écoles secondaires, 1 université, 2 homes, 1 centre culturel, 1 piscine communale, 1 maison de l’emploi et 5 stations de mesure de Bruxelles Environnement ont également participé à la campagne.
(2) Source IRCELINE : Dans la Région de Bruxelles-Capitale, on estime que l’exposition aux PM2,5, NO2 et O3 dans l’air a causé respectivement 627, 323 et 19 décès prématurés pendant l’année 2018.
CONTACT PRESSE LES CHERCHEURS D'AIR
Pierre Dornier
Les chercheurs d’air
+32 496 81 52 63
pierre@leschercheursdair.be
CONTACT PRESSE BRUXELLES ENVIRONNEMENT
Pascale Hourman
Porte-parole de Bruxelles Environnement
+32 490523789
phourman@environnement.brussels
Abonnez-vous à notre newsletter pour être tenu.e au courrant de nos actions une fois par mois